La ville de Montauban est construite sur les coteaux tertiaires qui bordent la rive droite du Tarn. Du clocher de Saint Jacques on voit à l’horizon, leur frange lointaine se dérouler à perte de vue. Ils vont rejoindre les derniers prolongements des collines de l’Albigeois et de l’Agenais.
Les plaines
Ces formations surplombent la grande dépression qui constitue le bassin de l’aquitain. Il a été tour à tour mer, golfe, lac. Dans les vallées de la Garonne et du Tarn les dépôts tertiaires sont recouverts, en partie, par les alluvions quaternaires de ces deux grands cours d’eau, beaucoup plus importants autrefois. Ils prenaient naissance jadis aux pieds de glaciers étendus, disparus aujourd’hui. Leurs cailloux roulés, leurs sables et leurs limons arrachés au sol du massif central et des Pyrénées constituent la plaine fertile que les prairies et les céréales colorent d’un vert émeraude. La succession des terrasses, de niveaux différents, qui découpe l’immense vallée en larges gradins, marque les étapes régressives de l’ancienne puissance du Tarn et de la Garonne qui n’occupent plus aujourd’hui qu’une partie infime de leur lit primitif.
Le long des Gorges de l’Aveyron
A Montricoux la riante plaine quaternaire de l’Aveyron prend fin. Le paysage change brusquement d’aspect. Il devient austère et sauvage : c’est la région des causses jurassiques. Les énormes masses de roches secondaires avec leurs escarpements abrupts se dressent à droite et à gauche de la rivière qui serpente en des méandres capricieux et imprévus, contournant en écumant les éperons de rochers qui lui barrent la route. Les gigantesques falaises dolomitiques d’un gris bleuâtre dont les parois ont été corrodées par les eaux, crénelées par le temps, revêtent l’apparence fantastique de ruines cyclopéennes. Au haut des falaises s’étendent des collines calcaires couvertes d’une végétation courte dont les touffes espacées laissent souvent poindre les rochers nus.
Formation des grottes à l’Est du département
Dans les flancs de ces collines -fracturées et fissurées par les mouvements orogéniques du sol- se sont produits des gouffres profonds connus sous le nom d’igues ou d’avens. Ils communiquent à la surface par des ouvertures irrégulières et s’enfoncent à des profondeurs considérables, aboutissant parfois à des rivières souterraines. C’est dans des trous analogues -véritables chausse-trapes- qu’ont été engloutis, pendant une suite incommensurable de siècles, différents animaux vivants sur ces plateaux. Leurs ossements -dans un état de conservation admirable- sont accumulés en si grande quantité dans ces poches naturelles, qu’ils contribuent à former de véritables mines de phosphorites exploités dans tout le pays et qui ont rendu le Quercy célèbre !
C’est là aussi, que l’on rencontre ces belles grottes aux dentelles de pierre, aux stalagmites élancées comme des colonnes de cathédrales, aux cascades pétrifiées qui nous intéressent, non pas seulement pour leur étrange beauté mais parce qu’elles recèlent parfois les secrets des premières civilisations humaines. Les fouilles qu’on y pratique nous font connaître l’industrie, les mœurs, les œuvres artistiques et même les premières manifestations des idées religieuses de nos lointains ancêtres de l’époque du Renne…
Particularités géologiques de l’Est du département
A l’est, les pentes s’élèvent, progressivement. Les grés triasiques aux couleurs bariolées, blanches, roses et vertes font suite aux calcaires jurassiques grisâtres. La végétation silicicole, plus belle et plus variée, avec ses bruyères, ses fougères et ses châtaigniers a remplacé les maigres genêts, les genévriers et les buis : Bientôt la grande et belle forêt de la Grésigne apparaît comme un océan de verdure. Sa haute futaie et son sous-bois touffu masquent le sol permien, coloré en rouge foncé par les argiles saxoniennes et les grés micacés aux pistes et aux empreintes problématiques.
Le terrain de la forêt est constitué par un vaste dôme primaire au profil ondulé dont les pentes s’inclinent du côté de Vaour et de la Baraque royale et dont le Pech Agudet (500 m.) est le point culminant.
Caractéristiques du Nord Est du département
Le carbonifère est représenté par le petit bassin de Puech Mignon (près de Laguépie) dont les grès houillers renferment une flore stéphonienne.
Plus loin enfin à l’extrême limite N. E. de notre département et au-delà se développent des plateaux schisteux et granitiques qui constituent « le ségala ». C’est une région pauvre où l’on cultive le seigle et où croissent les bruyères. L’aspect très spécial des croupes ondulées qui sont assez régulièrement arrondies et la composition des roches, révèlent que le sol est analogue à celui de la vieille Armorique et du massif Central. Les couches qui le constituent sont les couches primitives, celles qu’on pense être les plus anciennes, (d’où leur nom d’archéennes) parce qu’elles paraissent former les soubassements profonds de la croûte terrestre.
Conclusions
Toutes ces formations, d’âges différents, sont entrecoupées de cassures et de failles, de vallées étroites formant des gorges sauvages, au fond desquelles coulent des rivières torrentueuses. Quelques-unes d’entre elles reçoivent comme affluents de petits ruisseaux souterrains, sortant du flanc des rochers et dont on peut remonter quelquefois le lit creusé en tunnel dans le causse même.
Ce rapide aperçu, que nous complétons par un tableau schématique plus précis, montre que l’étude de notre région est pleine d’intérêt ; mais elle soulève aussi des questions nombreuses, variées et complexes.