Géologie et spéléologie
Sortie de découverte et d'inventaire des abris sous roche de Bruniquel
Porche
Entrée de porche entièrement comblé par les éboulements de gélifractions et dont l'accès était colmaté depuis plus de 30.000 ans. Les grottes sont de véritables conservateurs des traces animales et anthropiques constituant l'histoire de notre Planète.
Le temps fait l'affaire
En milieu souterrain, le rapport au temps n'est plus le même. Il faut des milliers d'années pour façonner quelques millimètres de calcite donnant naissance aux somptueuses concrétions.
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Vue sur le secteur de Bruniquel, à l'entrée Sud des Gorges de l'Aveyron

Introduction

Les Gorges de l’Aveyron forment un ensemble calcaire qui domine les vastes plaines du Tarn et Garonne et des bords de la Garonne. En ce milieu aride gît une Histoire humaine et animale jalousement gardée par certaines cavités du secteur. Une dizaine de cavités au moins des gorges sont classés pour leur intérêt patrimonial majeur, leurs peintures rupestres, vénus, plus anciennes constructions humaines au monde en milieu souterrain connus à ce jour. Mais aussi l’igue des Rameaux qui a livré toute une bible stratigraphique de la faune de ces plateaux, dont les plus anciens remontent à plus ou moins 500.000 ans. Voyons dans cet article les caractéristiques géologiques de ce milieu si mystérieux et fascinant qu’est le karst des Gorges de l’Aveyron !

Louis PERRIER

Reportage photographique

Géologie

La naissance des grottes
II - Géologie du Tarn et Garonne

Géologie & mémoire collective

La mémoire
de la roche,
épouse de l'Histoire du vivant.

Dans notre précédent article, nous avions évoqué les grandes lignes concernant la formation des grottes. Aujourd’hui, dans la continuité de notre reportage, nous vous proposons de découvrir les spécificités géologiques de notre très riche département du Tarn et Garonne et des Gorges de l’Aveyron. Nous laissons Louis PERRIER, grand scientifique du 20ème siècle nous livrer son analyse dans ces quelques lignes…

Les grandes lignes de la géologie du Tarn-et-Garonne

Les  phénomènes de creusement des grottes, igues et avens sont tellement liés à la constitution géologique du sol qu’il nous paraît bien difficile de les étudier sans donner auparavant un rapide aperçu de l’histoire géologique de la région.

Sur cette bande relativement étroite qui est marquée par le cours sinueux de l’Aveyron, on peut voir, spectacle peu banal, se succéder avec une admirable régularité et avec des aspects caractéristiques des types des principales assises qui constituent l’écorce de notre globe. Seules les couches crétacées paraissent faire totalement              défaut ; elles sont sans doute, recouvertes par les dépôts tertiaires. En parcourant une soixantaine de kilomètres (de Montauban à Laguépie), on a un aperçu à vol d’oiseau, et comme un résumé de l’histoire de notre planète, depuis l’époque actuelle jusqu’à la lointaine période archéenne en passant par les âges tertiaires, secondaires et primaires. C’est dire l’importance des Gorges de l’Aveyron, véritable livre ouvert de la constitution de notre Planète !

L'oeuvre de l'eau dans les cavités naturelles

Comment naissent les grottes ?

Géologie en Tarn & Garonne

Bruniquel et ses caractéristiques géologiques de terrasses et d'activités anthropiques ancestrales.
Relevés et inventaire par l'association CASKE à Bruniquel.
Creusement d'une igue sur les plateaux calcaires surplombant les Gorges de l'Aveyron
Grotte de Bruniquel
La grotte de Bruniquel illustre les secrets de notre Histoire jalousement gardée au coeur de nos massifs calcaires. En effet, les grottes sont de véritables "frigos" conservateurs de l'Histoire anthropique, animale et même végétale.
Charbon emprisonné dans la calcite.
Charbon d'os calciné trahissant une activité anthropique ancêstrale, car ce charbon est désormais scellé dans le plancher de calcite qui le renferme peu à peu à tout jamais dans la mémoire de la pierre - Grotte de Bruniquel.
Les dunes de Maraval, surplombant la forêt de la Grésigne, témoigne du sol permien aux couleurs rouges caractéristiques.
Edition de cartes géologiques avec superposition des entrées de cavités par notre association de spélologie. La prospection des sites karstiques est une démarche passionnante et de longue haleine.

Généralités

La ville de Montauban est construite sur les coteaux tertiaires qui bordent la rive droite du Tarn. Du clocher de Saint Jacques on voit à l’horizon, leur frange lointaine se dérouler à perte de vue. Ils vont rejoindre les derniers prolongements des collines de l’Albigeois et de l’Agenais.

Les plaines

Ces formations surplombent la grande dépression qui constitue le bassin de l’aquitain. Il a été tour à tour mer, golfe, lac. Dans les vallées de la Garonne et du Tarn les dépôts tertiaires sont recouverts, en partie, par les alluvions quaternaires de ces deux grands cours d’eau, beaucoup plus importants autrefois. Ils prenaient naissance jadis aux pieds de glaciers étendus, disparus aujourd’hui. Leurs cailloux roulés, leurs sables et leurs limons arrachés au sol du massif central et des Pyrénées constituent la plaine fertile que les prairies et les céréales colorent d’un vert émeraude. La succession des terrasses, de niveaux différents, qui découpe l’immense vallée en larges gradins, marque les étapes régressives de l’ancienne puissance du Tarn et de la Garonne qui n’occupent plus aujourd’hui qu’une partie infime de leur lit primitif.

Le long des Gorges de l’Aveyron

A Montricoux la riante plaine quaternaire de l’Aveyron prend fin. Le paysage change brusquement d’aspect. Il devient austère et sauvage : c’est la région des causses jurassiques. Les énormes masses de roches secondaires avec leurs escarpements abrupts se dressent à droite et à gauche de la rivière qui serpente en des méandres capricieux et imprévus, contournant en écumant les éperons de rochers qui lui barrent la route. Les gigantesques falaises dolomitiques d’un gris bleuâtre dont les parois ont été corrodées par les eaux, crénelées par le temps, revêtent l’apparence fantastique de ruines cyclopéennes. Au haut des falaises s’étendent des collines calcaires couvertes d’une végétation courte dont les touffes espacées laissent souvent poindre les rochers nus.

Formation des grottes à l’Est du département

Dans les flancs de ces collines -fracturées et fissurées par les mouvements orogéniques du sol- se sont produits des gouffres profonds connus sous le nom d’igues ou d’avens. Ils communiquent à la surface par des ouvertures irrégulières et s’enfoncent à des profondeurs considérables, aboutissant parfois à des rivières souterraines. C’est dans des trous analogues -véritables chausse-trapes- qu’ont été engloutis, pendant une suite incommensurable de siècles, différents animaux vivants sur ces plateaux. Leurs ossements -dans un état de conservation admirable- sont accumulés en si grande quantité dans ces poches naturelles, qu’ils contribuent à former de véritables mines de phosphorites exploités dans tout le pays et qui ont rendu le Quercy célèbre !

C’est là aussi, que l’on rencontre ces belles grottes aux dentelles de pierre, aux stalagmites élancées comme des colonnes de cathédrales, aux cascades pétrifiées qui nous intéressent, non pas seulement pour leur étrange beauté mais parce qu’elles recèlent parfois les secrets des premières civilisations humaines. Les fouilles qu’on y pratique nous font connaître l’industrie, les mœurs, les œuvres artistiques et même les premières manifestations des idées religieuses de nos lointains ancêtres de l’époque du Renne…

Particularités géologiques de l’Est du département

A l’est, les pentes s’élèvent, progressivement. Les grés triasiques aux couleurs bariolées, blanches, roses et vertes font suite aux calcaires jurassiques grisâtres. La végétation silicicole, plus belle et plus variée, avec ses bruyères, ses fougères et ses châtaigniers a remplacé les maigres genêts, les genévriers et les buis : Bientôt la grande et belle forêt de la Grésigne apparaît comme un océan de verdure. Sa haute futaie et son sous-bois touffu masquent le sol permien, coloré en rouge foncé par les argiles saxoniennes et les grés micacés aux pistes et aux empreintes problématiques.

Le terrain de la forêt est constitué par un vaste dôme primaire au profil ondulé dont les pentes s’inclinent du côté de Vaour et de la Baraque royale et dont le Pech Agudet (500 m.) est le point culminant.

Caractéristiques du Nord Est du département

Le carbonifère est représenté par le petit bassin de Puech­ Mignon (près de Laguépie) dont les grès houillers renferment une flore stéphonienne.

Plus loin enfin à l’extrême limite N. E. de notre département et au-delà se développent des plateaux schisteux et granitiques qui constituent « le ségala ». C’est une région pauvre où l’on cultive le seigle et où croissent les bruyères. L’aspect très spécial des croupes ondulées qui sont assez régulièrement arrondies et la composition des roches, révèlent que le sol est analogue à celui de la vieille Armorique et du massif Central. Les couches qui le constituent sont les couches primitives, celles qu’on pense être les plus anciennes, (d’où leur nom d’archéennes) parce qu’elles paraissent former les soubassements profonds de la croûte terrestre.

Conclusions

Toutes ces formations, d’âges différents, sont entrecoupées de cassures et de failles, de vallées étroites formant des gorges sauvages, au fond desquelles coulent des rivières torrentueuses. Quelques-unes  d’entre elles reçoivent comme affluents de petits ruisseaux souterrains, sortant du flanc des rochers et dont on peut remonter quelquefois le lit creusé en tunnel dans le causse même.

Ce rapide aperçu, que nous complétons par un tableau schématique plus précis, montre que l’étude de notre région est pleine d’intérêt ; mais elle soulève aussi des questions nombreuses, variées et complexes.

“En parcourant une soixantaine de kilomètres (de Montauban à Laguépie), on a un aperçu à vol d'oiseau, et comme un résumé de l’histoire de notre planète, depuis l’époque actuelle jusqu'à la lointaine période archéenne en passant par les âges tertiaires, secondaires et primaires..”

Louis PERRIER, Théologien protestant & scientifique.

géologie du Tarn et Garonne

Terrains du Tarn et Garonne : Quaternaire, tertiaire, secondaire, primaire et archéen.

TABLEAU SYNOPTIQUE
DES TERRAINS DU TARN-ET-GARONNE

TERRAIN QUATERNAIRE

Alluvions modernes au fond des vallées. – Dépôts meubles sur les pentes et les éboulis.
Alluvions anciennes (Boulbènes et graves) avec cailloux roulés, sables et limons formant quatre terrasses principales dans les plaines du Tarn et de l’Aveyron.
(Elephas primigenius, auroch.)

TERRAIN TERTIAIRE

Pliocène. – Sables et cailloux quartzeux des plateaux formant une traînée fragmentaire de Bruniquel à Montauban.
Miocène. – Représenté par l’étage Burdigalien dont une étroite bande se retrouve à Bourret.
Oligocène. – I. Aquitanien· constitué par les marnes a -Ostrea aginensis et par les calcaires blancs de l’Agenais Ils forment souvent une table résistante sur les plateaux.
II. Stampien formé par les molasses de l’Agenais une des plus importantes formations du bassin de l’Aquitaine, renfermant de nombreux gisements de vertébrés fossiles.
(Rhinoceros minutus, anthracotherium magnum, Dremotherium, acerotherium, crocodiles, tortues, etc.) .
III. Sannoisien calcaires de Lexos.

Eocène. – Sidérolithique. Argiles et sables quartzeux formant des dépôts rouges ou jaunes foncés avec minerai de fer. hydroxydé en grains arrondis (pisolithes). C’est « la terre rouge des causses » qui s’accumule dans les grottes et les crevasses. Les phosphorites du Quercy renferment de nombreux restes de vertébrés associés à des mollusques terrestres, à des insectes, à des myriapodes et à des graines végétales. Ces animaux appartiennent à des faunes d’âges différents (éocène supérieur et oligocène).

TERRAIN SECONDAIRE

Jurassique supérieur (aujourd’hui renommé Jurassique récent). – Pterocérien et Astartien. Calcaires en dalles de Sept-Fonds.
(Ceromya excentrica, ostrea solitaria et Terebratula subsella.)
Rauracien et Oxfordien supérieurs (ou récents) calcaires coralligènes et sub-crayeux.
Oxfordien et Callovien. Calcaires sublithographiques des Causses avec banc à Rhynchonella elegantula.
Jurassique moyen. – Bathonien, Calcaires en plaquettes fossiles
(Ostrea costata, Terebratula ornithocephafa)’
Bajocien. Calcaires marneux à la base Terebratula perovalis puis calcaires caverneux d’aspect ruiniforme à grains fins ou à grains oolithiques plus ou moins dolomitisés.
(Ammonites Murchisonœ, Pecten personatus, P. disciformis, radioles de Cidaris, etc.)
Jurassique inférieur (aujourd’hui renommé Jurassique ancien) (lias). – Toarcien (lias supérieur – ou récent). – Calcaires marneux (en rang de pavés).
(Gryfhœa sublobata = Beaumonti, Rhynchonella cynocephala, Beleminite, unicanaliculatus, ammonites radians.)
Marnes grises et bleuâtres avec ammonite pyriteuses.
Ammonite bifrons_, A. serpentinus, Belemnites irregularis et tripartitus.)
Charmouthiea (liasien). – Calcaires roux gréseux.
(Pseudopecten œquivalvis, et terebratula cornuta.
Marnes et calcaires marneux.
(Gryphœa cymbium, ammonites margaritatus, a planicosta, Beleminites niger, b. clavatus, b. paxillosus. spiriferina pinguis.)
Sinémurien, Hettangien, Rhétien (lias inférieur) – Calcaires gréseux (débris de pentacrines et de petites huîtres) calcaires lithographiques et calcaires dolomitiques.
Trias. – Marnes sableuses bariolées, grés feuilletés et psammites.

TERRAIN PRIMAIRE

Permien. – Psammites à végétaux (Wolchia) et argiles schisteuses rouges (rougier ou ruf) avec pistes et empreintes indéterminées.
Carbonifère. – Grès houiller de Puech-Mignon avec flore stephanienne.
Pecopteris polymorpha, Annularia stellata, Sigillaria Brardi, Calamites,
etc.)

TERRAIN ARCHEEN

Micaschistes de diverses natures et gneiss. Amphibolites et filons quartzeux et métallifères des environs de Laguépie.

A SUIVRE…

Vues souterraines de notre terroir

Ambiances