Boyau de Penayrols
Rampé dans un boyau géologique et progression dans des étroitures sur plusieurs dizaines de mètres avant de rejoindre d'imposants méandres, quelques puits avant le puits final aux dimensions dantesques !
Puits de 7 mètres
Spéléologue descendant le dernier puits concrétionné de Penayrols avant le fameux puits de 80 mètres.
Puits du Ric
Descente du dernier puits du Ric, de 30 mètres de profondeur en pure verticale.
Diapositive précédente
Diapositive suivante
Sortie d'une étroiture à l'igue de Penayrols, sur le plateau de Cazals.

Les boyaux géologiques et les igues sont très courants dans les Gorges de l’Aveyron, et, d’une manière générale, en spéléologie dans les massifs calcaires. Dans ce reportage nous allons montrer quelques-uns de ces passages impressionnants et merveilleux. Etroiture n’est pas toujours synonyme de voie sans issue !

Yann van den Berghe

Reportage photographique

Des igues & des boyaux

les rats du karst du midi quercy

Réseaux karstiques

Explorer
le néant

La pratique de la spéléologie a ceci de bon qu’il équivaut souvent à plusieurs séances de kiné. Le corps est sollicité de toutes parts pour prendre des postures toutes plus excentriques les unes que les autres. Toutefois, s’il est vrai que cet exercice évite que la rouille ne s’installe dans nos rouages cartilagineux, il n’en demeure pas moins qu’il vaut mieux ne pas être claustrophobe ! De beaucoup s’imagineront peut-être, en regardant ces photos, que cette mission est réservée à une élite. Que ceux-là se rassurent, l’homme est fait pour le perpétuel dépassement de lui-même, et rien ne lui est impossible sinon par les limites qu’il s’impose en entretenant des craintes intérieures, consciemment ou non… Pensons à tous ces spéléologues qui nous ont précédé depuis plus d’un siècle et qui, pour la plupart, exploraient pour la première fois nombre de réseaux avec des équipements fabriqués par leurs soins, bien loin de nos normes en vigueur. Ce sont ces explorateurs qui nous ont ouvert la voie, et ils étaient hardis, courageux, humbles, passionnés et rigoureux. Nous parlons trop souvent de spéléologie sous le mauvais jour des accidents, alors que c’est un sport physique et culturel bien moins accidentogène qu’un grand nombre d’autres disciplines. Nous relaterons  les aspects du secours spéléo dans un autre reportage afin de remettre les arguments à leur juste place. En attendant, voici quelques lignes et photos sur nos parcours extrêmes et prometteurs, sous la surface du causse du Midi Quercy…

A la poursuite du courant d'air... ou de l'instinct.

Prospection spéléo, source de découvertes

Traversée d'un puits en main courante en vue de rejoindre un autre puits lui étant parallèle. Notez les dépôts blancs d'hydromagnésie, au dos du spéléologue en progression. Ces dépôts sont la conséquence de l'écoulement lent d'eau de surface s'étant chargée en calcaire.

Au commencement, la prospection

Il n’y a pas que les renards qui fouinent, les spéléologues excèlent dans ce domaine. S’il est vrai que de nombreux porches sont connu des hommes depuis la nuit des temps, d’autres grottes n’ont été découvertes (ou redécouvertes) que très récemment. En témoigne la grotte de Bruniquel par exemple, découverte par un adolescent de 16 ans, Bruno Kowalczewski qui, creusant durant deux années dans un ancien terrier de renard duquel il avait senti un courant d’air émaner, tomba dans une galerie souterraine dont le porche était colmaté depuis au moins une vingtaine de milliers d’années (les ours étant parmis les derniers à avoir visité la cavité avant que celle-ci ne soit redécouverte en février 1990). Et ils sont nombreux, les trous qui ont été bien moins médiatisés, à avoir été découvert dans les Gorges de l’aveyron, sans compter les suites de réseaux déjà existants, mis à jour grâce à des travaux de désobstruction (par exemple, à l’igue de Penayrols). Mais ces travaux de désobstruction en vue de trouver une grotte ne sont pas lancés au hasard. Un certain nombre de signes doivent être réunis pour avoir une chance plus élevée de réellement découvrir une cavité, tôt ou tard. En effet, de nombreux conduits sont « fantômisés », c’est-à-dire qu’ils n’offrent quasiment aucune chance de trouver un réseau en les décolmatant. Et lorsqu’on sait les centaines d’heures de bénévolat que demande la désobstruction, mieux vaut avoir un minimum de capacité de lecture des phénomènes géologiques avant de se lancer dans ce type de travaux.

Des boyaux aux grands volumes...

Le réseau de Penayrols est l’illustration parfaite d’une désobstruction phénoménale qui a abouti à la découverte d’un grand réseau, certes fortement gazé au Co2 et nécessitant une installation de ventilation pour être fréquentable, mais dont l’émulation des spéléos de la société spéléo archéologique de Caussade a permis son accès et une meilleure compréhension de phénomènes géologiques de ce secteur du causse du Midi Quercy…

S’il est vrai que les étroitures y sont nombreuses et de bonnes longueurs, celles-ci succèdent à des méandres de toute beauté, puis à l’un des plus grands puits du Tarn et Garonne (40 mètres) actuellement. Ce puits pourrait atteindre près de 100 mètres de verticale d’un seul tenant, si la cheminée qui rejoint presque la surface venait un jour à s’ouvrir par effondrement de la voûte. Ce ne sera pas pour demain, il y a plus de 10 mètres entre l’épikarst et le sommet de cette cheminée, d’après le travail de radio-balisage de notre ami CriCri l’électronicien qui a mis en place ces balises de mesures. Le travail d’érosion naturelle a encore de beaux jours devant lui avant que cet effondrement ne survienne, si tant est que la nature aille jusqu’au bout de ce phénomène à cet endroit précis.

“Le bien que l'on croit caché, sort de la nuit obscure.”

Jean-François Ducis

Progression

Progression horizontale & verticale

La spéléologie est aussi l’art de se faufiler, soit à l’horizontale par des rampés parfois longs, comme à la traversée de Pers Barthasses, à Saint Projet, dans laquelle il faut commencer par ramper environ 20 minutes avant de déboucher sur une galerie de taille moyenne et d’une longueur d’environ 2 kilomètres, praticable uniquement en période d’étiage. Soit progresser debout, ce qui est toutefois souvent le cas, et enfin à la verticale, pendu sur corde, amarré à son descendeur ou son Croll, selon que l’on descend ou que l’on remonte une verticale… C’est cet ensemble de techniques de progressions qui fait de la spéléologie un sport d’endurance mais aussi de cohésion d’équipes ; car nul ne saurait progresser en sécurité sans se soucier de ceux qui progressent à ses côtés.

Progression souterraine en photos

Ambiances de progression